Buffo,
peu à peu, se prépare une destinée de légende
: bientôt, tout le monde l'aura vu au moins une fois, et
il draine à chaque spectacle une cohorte de fidèles.
De fait, il est le plus populaire des clowns d'aujourd'hui, quoique
très singulier : il est le premier des grands clowns à avoir
conquis la gloire hors du cirque. Mais peu importe : son personnage
nous est devenu familier, amical, nécessaire, que ce soit
au Cirque d'Hiver virtuose de bonheur avec Pierre Amoyal ou au
Théâtre du Ranelagh avec un nouveau spectacle en
solo.
Son bonnet, ses chaussures immenses, son
costume noir, ses "hein ?", le
sabir délicieux de ses explications,
ses petits violons, ses yeux écarquillés,
nous savons déjà tout et nous
rions encore. Il faut être Buffo pour
oser encore faire rire du répertoire
naïf des grands-pères consolant
les pleurs (souffler dans son pouce pour "regonfler" sa
main, faire "disparaître" un
doigt en le pliant). Il faut être Buffo
pour perpétuer le numéro classique
du ballon de baudruche qui entraîne
le clown vers les airs. Il faut être
Buffo pour répéter plusieurs
fois dans ses spectacles le même artifice
du doigt sale qu'il ne sait où essuyer.
Mais
ces classiques, ces vieux plaisirs, ces citations
sont comme la grammaire de sa poésie
: il y ajoute une infinité de notations,
d'inventions, de gags qui témoignent
d'une richesse d'invention sans doute unique
parmi les clowns d'aujourd'hui, tout en restant
ancré dans une discipline et un territoire
qui sont les mêmes que ses devanciers.
Ainsi, c'est toujours dans l'immuable rythme
du clown qu'il agit, empressé et hésitant,
fébrile, piétinant, étonné.
De même, il participe de cette tradition
des clowns musiciens qui ne savent jouer
que des mélodies mélancoliques.
Il
joue avec un micro, maltraite son drôle
de canard en plastique (Buffo agressif, voici
un délire utile), maltraite le piano,
la trompinette, le violon, danse ou minaude,
s'ébahit et s'interroge. La palette
est large, contrastée, riche, et confirme
le talent unique de Howard Buten.
INTERVIEW
in L'Express 19/10/2000 - D.S.
Comment êtes-vous
devenu clown professionnel ?
En 1970, à l'université du Michigan, commetout
bon bourgeois de l'époque, je voulais être vagabond:
on partait sur les trains de marchandises avec les copains, en
jouant Woody Guthrie à la guitare... Bon, on n'est pas
allé très loin...
Je
rêvais de me joindre à un cirque ambulant. Le cirque
Barnum recrutait pour son premier collège de clowns. J'ai été admis.
Entre-temps, j'avais coupé mes cheveux et je m'étais
inscrit dans la marine marchande pour aller étudier en
Chine avec un maître taoïste, comme dans le roman
de Somerset Maugham Le Fil du rasoir. Les deux propositions sont
arrivées la même semaine. Je devais choisir : clown
ou marin. J'ai eu peur d'avoir le mal de mer...
Vous
avez donc appris à faire le clown.
Expression
corporelle, jonglage, acrobatie, monocycle.
Et puis, l'histoire des clowns, les gags classiques,
comment manier les feux d'artifice, comment
tomber, donner une claque, hurler, construire
des accessoires... Mais j'ai été recalé à l'audition
de fin d'année : j'étais « trop
triste et subtil ». On m'a quand même
trouvé un poste dans un cirque ambulant,
le « célèbre cirque européen
Bartok », qui n'était ni célèbre
ni européen, et Bartok s'appelait Jacobson.
J'ai tenu deux années. J'ai décidé de
faire de la scène comme le célèbre
clown Grock et, en 1973, j'ai crée mon
personnage, Buffo.
Qu'est-ce
que c'est, un clown ?
C'est
un personnage d'aspect physique excentrique,
qui n ' a ni passé ni futur. On ne sait
pas d'où il vient, on ne sait pas où il
va. II n'existe que le temps du spectacle.
Et il n'a qu'un seul but: faire rire. Au début,
mon clown faisait énormément
pleurer. C'était pour moi une sorte
de psychothérapie, j'évoquais
mes amours ratées, sans que le public
le sache. Maintenant, ça va mieux, merci.
Et je veux que l'on rie tout le long de mon
spectacle. Quand on rit, c'est qu'on se sent
bien, non ? Plus je fais rire, plus je suis
fier de moi.
Ce
qui prête à rire ce sont les petites
faiblesses de chacun ?
Peut-être...
Je ne veux pas y penser. Ce que je fais est
intuitif. Mon personnage a vraiment sa petite
vie à lui. On est tellement proches,
Buffo et moi, qu'une sorte d'interrupteur s'actionne
dans la tête et le changement se produit
instantanément. Dans les coulisses,
je suis encore Howard, en train de penser à mon
institution d'autistes *. J'entre en scène,
et je deviens Buffo dans la seconde...
Et
en sortant ?
Je
sors de scène, et c'est fini.. Buffo
est parti. Howard est revenu. C'est pour cela
que je suis mal à l'aise avec les applaudissements.
Howard est reconnaissant, ravi d'être
rappelé. Mais Buffo, ce n'est pas son
genre, il est très timide. Howard ne
va pas saluer à sa place, ça
le gêne...
Vous
lui parlez à Buffo ?
Jamais.
Je ne suis pas schizophrène...
Comment
le psy que vous êtes regarde-t-il ce
changement de personnalité ?
II
ne le regarde pas. Jamais. On peut dire que
Buffo est une partie de moi, qu'il fait des
choses que je n'oserais jamais faire moi, patati
patata... Je ne pense jamais à ces trucs-là.
Je veux bien qu'on me critique, j'en ai besoin,
mais je ne veux pas analyser mon personnage.
Vous
pourriez être Buffo sans public ?
Non.
Je me sentirais ridicule. Ce qui est un grand
handicap, parce que, en France, il faut créer
de nouveaux spectacles. Et je ne peux pas répéter
seul, sans public. Mon optique professionnelle,
c'est de ne jamais créer un nouveau
spectacle, mais, comme le faisait Grock, de
perfectionner à l'infini un seul numéro
qui évolue au fil des années.
Buffo
grandit donc avec vous.
II
est plus jeune que moi. A ses débuts,
il était carrément un bébé,
Maintenant, il est comme un jeune adolescent,
il peut être ironique, il peut être
méchant, il ose parfois se foutre de
la gueule du public... Mais tout cela n'est
pas calculé. Buffo ne deviendra jamais
vieux. Ou alors quand moi je serai très,
très vieux. J'ai l'idée de faire ça
jusqu'à ma mort... Voilà, je
sers à ça sur terre depuis mon
plus jeune âge : à distraire, à écrire
des romans, à soigner des autistes graves.
ELLE. Oui,
dans ce superbe spectacle d'une heure, Howard Buten parvient à allier le charme et la tendresse, l'originalité et
l'intelligence. Retenez son nom ! François DELETRAZ
L'EXPRESS : BUFFO semble traverser des matins rêveurs.
Musicien, ventriloque, acrobate, danseur, il glisse sur la
scène du Théâtre du Ranelagh, un cœur
rouge à la main. René BERNARD
Un
superbe clown, au premier rang des plus grands professionnels,
et qui joue sur tous les ressorts
traditionnels du rire (sauf
la vulgarité). Philippe TESSON
LE
FIGARO MAGAZINE : Ce qui frappe dans son spectacle Inclassable
et assez rare : la bonté, la subtilité,
une grande tristesse. Jean. Luc JEENER
FRANCE
SOIR : Courrez le voir avec vos gosses, vous leur offrirez,
ainsi qu'à vous-même, une heure de pure complicité.
Un univers unique, de charmes et de cocasseries, qui confine
au génie. Alain LEBLANC
LIBÉRATION : Et c'est Justement parce qu' Howard Buten
est un grand comédien, sincère, (donnant sur
scène, derrière son maquillage, tout ce qu'il
enfouit dans sa vie), que le banal devient drôle et le
cucul émouvant, comme sa façon de tenir contre
lui un petit violon est plus attendrissante que n'importe quel " prendre
un enfant dans ses bras ". Marc VICTOR
MARIE-CLAIRE : Il nous révèle des émotions
profondes que nous portons en nous depuis notre petite enfance.
Jean-Jacques GREIF
PARIS
MATCH : Un drôle de clown ventriloque un peu triste
comme tous les vrais clowns, avec des grands yeux tous ronds
et des chaussures-paquebots. Mais un clown qui joue de la batterie
avec une poubelle et se trémousse comme Mickaël
Jackson avant de danser un lac des cygnes assez inouï.
Patrice BOLLON
LE
PÉLERIN : " BUFFO " s'adresse aussi bien
aux enfants qu'aux grandes personnes ou plutôt à cette
part réservée d'enfance qui se cache en elles.
Son " One Man Show " est un très beau spectacle.
Jean-Marc POURCEL
LE
QUOTIDIEN DU MÉOECIN : Un one man show d'une tendresse
désarmante et souriante par un auteur-acteur qui s'occupe
aussi de patients autistes; ceci explique-t-il cela ? Marie-Lise
BARGUES
7
A PARIS : les Joyeux peuvent s'en réjouir, les tristes
s'en attrister et les nerveux s'en énerver. BUFFO ne
parle qu'à ceux qui veulent bien entendre ce qui n'est
pas audible, voir ce qui n'est pas visible : un cœur gros
comme ça, tout cartonné rouge, qui bat, qui
bat, qui bat... Emmanuel DA YDF
LE
QUOTIDIEN : BUFFO, s'il garde tous les attributs de l'Auguste,
est différent. Inclassable Howard Buten recherche la " vérité " à travers
BUFFO. BUFFO n'a pas fini de faire parler de lui. Nicolas
CHAF FEL
De
quelle planète surgit ce petit frère de GroCk,
ou de quels rêves, de quelles blessures du Petit Prince
? Mon Dieu quel voyage ! Et quel tapis volant ! Où s'achève
le visage de BUFFO ? Où s'ébauche le masque ?
le trouble naît ici bien souvent du clair obscur... Patrick DE ROSBO
TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN: À coup sûr,
Howard Buten tire l'image du clown de l'ornière des
stéréotypes dans laquelle elle avait sombré.
En une heure, l'artiste Buten enlève le morceau et restitue
au personnage clownesque son reflet caché : celui
d'un bouffon impressionniste. Pierre ARMAND
LA
VIE : Entraîné par sa sensibilité,
sa poésie, sa délicatesse, on rit souvent à le
voir complice de ses facéties, de sa folie ordinaire.
Laurence DE WIT
LE
MATIN : Quand Il ne s'arrose pas d'eau de Seltz, que son
violoncelle n'accouche pas d'un violonceau,
ou qu'il n'est
pas occupé à se flanquer des tartes à la
crème en pleine poire, BUFFO hésite entre le
chant, le mime ou la danse. Christine BRA VO
Quand
on a autant de cœurs et autant de poches, on en
sort toujours des gags et des miracles. Howard Buten flirte
avec l'absurde, joue avec la perception (grâce à un
masque qui ne diffère pas de son visage), se sert
de la musique. des musiques. comme d'une partenaire. Gilles
COSTAZ
LE
MONDE : l'un rit, l'autre non. Même si vous ne voulez
pas lire, allez donc voir " BUFFO", le spectacle
de Howard Buten pour petits et grands. Nicole ZAND
Son
spectacle nous parle, bien sûr, de la difficulté d'apprendre
le monde, mais il respire d'abord le plaisir, le gag, la poésie.
De la scène au roman, Howard Bute" habite un univers
rare, très pur, tendre et cruel. Ne passez pas à côté.
Odile OUIRO T
TÉLÉRAMA : C'est une curiosité à ne
pas rater sous aucun prétexte : un auteur-docteur-clown
! Henriette BICHONNIER
Une
autre raison d'aller voir "BUFFO" . Sous "BUFFO",
ou en plein dedans, il y a Buten. Et ce n'est pas tous les
jours qu'un authentique écrivain a le culot de se
montrer ailleurs que dans les cocktails, en danger, tout
seul. Marie-Ange
GUILLAUME
Howard BUTEN est également un spécialiste des enfants
autistes ; il est titulaire d'un Doctorat de Psychologie Clinique
et exerce parallèlement la fonction de Directeur de projet
d'un IME en banlieue parisienne, le Centre Adam SHELTON, qu'il
a créé en 1996.